Du choc à la reconstruction

Si la Deuxième Guerre mondiale meurtrit le territoire, la véritable hécatombe a eu lieu 20 ans auparavant : la Grande Guerre annéantit Lens et ses environs.

Le bassin minier du Pas-de-Calais est occupé durant toute la période 1914-1918. Zone particulièrement convoitée par l'ennemi, elle est pilonnée par les obus de tous calibres. Ses puits sont détruits, ses cités dévastées, sa population décimée.

Panorama de Lens en 1919 - Collection de Monsieur Maurice Dhédin

À Lens, le sol a été retourné sur une épaisseur de 4 à 5 mètres. Il faut plusieurs années pour enlever les décombres, déblayer, niveler. Chaque dimanche, des trains remplis de touristes viennent de Paris pour observer les ravages de la guerre depuis les hauteurs de la ville formées par les décombres.

La reconstruction s'organise dès les années 1920. Des immigrés sont invités à rejoindre le bassin minier pour y travailler, Polonais ou Italiens pour l'essentiel. Une politique de grands travaux est mise en œuvre pour relancer l'économie du territoire et son urbanisme. Architectes et urbanistes de renom se retrouvent sur le territoire pour l'irriguer d'idéologies et de techniques nouvelles. Circulation, assainissement, lumière, sécurité, esthétisme sont les maîtres-mots. La gare de Lens est caractéristique de cette nouvelle dynamique.

Gare de Lens - Crédit photo Samuel Dohte

La deuxième partie du XXe siècle est marquée à nouveau par l'histoire. La fermeture des mines laisse un vide physique et moral sur le Bassin minier du Nord-Pas de Calais. Il faut attendre l'année 2012, avec l'inscription du territoire à l'UNESCO, pour voir se concrétiser un nouvel espoir. Le regard sur l'héritage industriel évolue. Les cités minières deviennent des lieux d'expérimentation de pratiques innovantes, notamment dans le cadre de la Troisième Révolution Industrielle

L'implantation du Louvre à Lens suscite également l'intérêt. Des projets structurants, autour du musée, sont signés ou accompagnés par des Grands Prix de l'urbanisme ou des Prix Pritzker (sorte d'équivalent du Nobel d'architecture) : l'agence SANAA, Christian de Portzamparc, Richard Rogers, Michel Desvigne, Jean-Louis Subileau, Nathan Starkman...