« Nous pouvons devenir la référence nationale et même européenne du recyclage des batteries »

Attractivité économique | Ajouté le: 17 mars 2021

Interview de Christian Traisnel, directeur général du Pôle de Compétitivité TEAM2 sur l’économie circulaire et le recyclage.

L’arrivée à Douvrin de la gigafactory Automotive Cells Company (ACC), qui concevra et fabriquera des batteries pour les véhicules électriques, ouvre de nouveaux horizons dans les Hauts-de-France. La Région ambitionne de structurer une filière globale de la batterie électrique, qui irait de la recherche au recyclage.

L’arrivée d’ACC peut-elle favoriser le développement d’une filière du recyclage des batteries automobiles dans la région et en particulier dans le territoire du pôle métropolitain de l’Artois ?
" Oui, la stratégie qui se dessine, c’est de recycler dans la région pour développer de l’activité économique, et donc créer des entreprises et de l’emploi. Nous avons évoqué plusieurs pistes lors de nos premiers échanges avec ACC. Il y a d’abord le recyclage et la valorisation des chutes de production pendant la fabrication des batteries. Pour l'instant, nous n'avons pas encore d'idée du volume mais c'est en tout cas un sujet qui peut être porté par des acteurs du recyclage déjà présents sur ce marché. Ensuite il y a le recyclage des batteries usagées. Elles pourront être réutilisés dans d’autres applications, comme par exemple pour produire des batteries de stockage d’énergie solaire ou éolienne.
Indépendamment de cela, l'idée d'ACC est d'être dans un esprit d'éco-conception, pour une production vertueuse et économique. Il s’agit de fabriquer une batterie automobile à partir de métaux qui proviendraient de plus en plus du recyclage de ses batteries usagées, mais c’est à longue échéance, ou en attendant de batteries venant de la petite mobilité, comme les vélos ou les trottinettes. L’entreprise a commencé à travailler avec un certain nombre de recycleurs pour anticiper cette étape, et la Région a initié un appel à projets pour cela. Pour atteindre ces objectifs d’économie circulaire, il faudra que les acteurs qui approvisionneront ACC soient le plus près possible de l’usine de Douvrin. "


Quelles sont les perspectives pour le marché du recyclage des batteries de véhicules électriques ?
" Comme le marché de la voiture électrique est émergent, et que la durée de vie d’une batterie est de dix ans, le recyclage en est encore à ses débuts. Pour le moment, on recycle entre 1000 et 2000 tonnes de batteries automobiles par an en Europe. La filière se développe au fur et à mesure que les batteries arrivent en fin de vie. On vise les 10 000 tonnes en 2025 et on table sur 450 000 tonnes de batteries à recycler en 2035. "


Des entreprises de recyclage des batteries automobiles existent déjà ailleurs en France, notamment en Aveyron et dans l'Est. Quels sont les atouts de la région et du territoire  ?

" Les Hauts-de-France ont beaucoup d’atouts. Le premier, c’est la forte culture industrielle. Ensuite, c’est dans notre région qu’on trouve le plus d’entreprises qui travaillent dans le recyclage des métaux critiques et stratégiques, avec par exemple Weee Metallica à Isbergues, Recytech à Fouquière-les-Lens, Befesa à Gravelines, Nyrstar à Auby, Lumiver à Seclin ou Envie 2E à Lesquin. On a donc des acteurs qui connaissent et maîtrisent bien les process métallurgiques, et on peut s’appuyer sur eux pour développer la filière. En recherche et développement, nous avons à Amiens un des laboratoires les plus avancés en Europe sur la conception des batteries : le RS2E. Enfin, la formation s’organise. L'AFPA d’Hazebrouck a créé une formation dans les métiers de la maintenance et du recyclage de batteries de véhicules électriques. C’est le seul site en France. Tout cet écosystème doit permettre de développer cette filière dans la région, nous pouvons devenir la référence nationale et même européenne du recyclage des batteries. "

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